lundi 31 mars 2008

"Sokuten Kyoshi ... Suivre le ciel, laisser le soi ..."

Françoise nous a quitté dimanche, la nouvelle est tombée, brutale.
Bien que nous connaissions son état tellement précaire, le choc n'en n'a pas été moindre.
Se ressaisir était indispensable, aussi je me suis laissée emmener à revivre les 20 années passées à ses côtés.
Au cours du temps notre amitié n'aura cessée de grandir et de s'approfondir.
Françoise comme chacun sait, était une personne généreuse et en même temps d'une telle simplicité que mêmes nos différences s'harmonisaient, aussi bien dans nos échanges, qu'ils soient légers ou graves, tristes ou joyeux, et au gré des évènements de la vie quotidienne.
Cela suscitait en nous de profondes réflexions qui m'ont aidée à élargir ma pensée.

Ainsi, Françoise m'a permis de grandir en éclairant mon chemin de sa propre lumière.
Et sa vie se partageait autant dans ses actions discrètes mais efficaces au sein de notre Fédération que par ses voyages au Japon où elle était reçue à bras ouverts et appréciée, et aussi, à Belle-Ile où elle venait avec Jacques, régulièrement se ressourcer.
Elle n'en oubliait pas pour autant notre groupe, elle y a consacré tout son énergie avec générosité et amour de l'enseignement, de la transmission des valeurs et ainsi, a engendré des forces vives qui continuent à s'épanouir.... Françoise n'a pas voulu nous quitter sans nous faire un ultime cadeau: la révélation du secret des Signes de la calligraphie de Maitre KitatjimaSans doute avait-elle jugé bon d'attendre le moment propice ... ce qu'elle a réalisé avec beaucoup de peine, au cours de ce mois de mars.
Dimanche, son long calvaire la amenée à tirer sa dernière flèche, dans le silence et le dépouillement le plus total de son esprit...

Elle a réalisé le Tir parfait au delà de la cible pour ensuite... totalement lâcher prise... et cependant son souffle était pour elle devenu un tel problème et, si sa posture était parfaite c'était le résultat de son incessant travail de perfectionnement.
Quel enseignement tu nous laisses, Françoise!
La Vérité de son Tir, sa pureté, la pureté du Son l'ont emportée très loin de nous mais, certainement aussi, plus près encore, dans la grande Paixdans le Soleil qui illuminera nos coeurs pour toujours.

Denise Taphorel le 2 avril 2008

La question du temps ne nous appartient pas, pas plus que celle de la distance.
Rappelle-toi: "Quand vous avez 100 à parcourir, considérez que 90 est la moitié..." F. Laval 19/01/2006

Qui ne connaissait Françoise, pour sa façon d’être, sa générosité de cœur, pour son attachement à son île … sa Belle-Ile...
Qui ne connaissait Françoise pour la foi, pour son dévouement et son courage, pour l’amour qu’elle donnait …

Je ne sais si ce texte doit être écrit au passé ou au présent ; qui pourrait croire qu’elle n’est plus présente dans notre cœur, dans notre esprit, comme parfois une rencontre peut vous marquer pour la vie entière.

Je ne ne peux concevoir qu’elle ne soit plus là.
Françoise incarnait ce que le Kyudo évoque à travers son caractère et sa noblesse.
Elle avait en elle cette volonté de transmettre ces valeurs suprêmes qui l’animaient et auxquelles elle tenait tant.
Elle avait cette détermination et cette foi qui l’aidait à s’en remettre aux choses pour accepter ce qui devait être. A son contact l’echo de la bonté modifiait l’état de notre esprit.
Croire et avoir confiance : elle savait nous l’exprimer à chaque instant.
Qui ne peut se sentir ému en repensant à ces deux flèches ultimes qui ont fait vibrer tout nos êtres de leur Tekichu à Tours en ce mois de Janvier neigeux.

Elle avait cet emerveillement, cette spontanéité, ce désir de donner de la « densité au vivant » et cette manière de ressentir la beauté à travers toute chose.
A ses côtés ; on comprenait combien la vie est précieuse, et nos soucis jamais assez grands pour nous empêcher d’avancer : sa compassion suffisait à nous rassurer.

« Creuse ton sillon » me disait-elle, et cela était suffisant pour me rappeler que le chemin n’a pas de fin, qu’il fallait encore et toujours faire de son mieux, s’appliquer à être le plus juste possible et servir plutôt que de penser à soi.

Tenir, tenir, tenir ...
Comme pour démontrer que la vie était à l’image d’un Kai, long et dense, comme une fleur va éclore, comme la flèche va partir dans l’instant ultime, pour que le moment d’après ne soit pas rien, mais plutôt un Tout.
Elle nous quitte ainsi, grande, forte et sereine de la paix d’avoir tout donné.
Elle retrouve Jacques et les siens et j’en suis tellement heureux.
Je souhaite qu’elle continue d’être dans nos cœurs et dans notre pratique de tous les jours.

De ton âme à notre âme … nous t’aimerons toujours.

Loïc KERISIT
Tours, le 31 mars 2008